Introduction
Les trois piliers de l'anarchisme
Bébé nait. Y a-t-il une prédestination, une obligation, à ce que plus tard il/elle paye des factures, donne du temps de vie en échange d'un salaire, serve autrui, se plie à des lois et des règles qui lui conviennent ou non mais qu'il/elle n'a pas décidé, mange ce que d'autres produisent, utilise des objets technologiques qui ont un pouvoir sur lui/elle sans qu'il/elle en ait sur eux ou bien est-il/elle libre de choisir comment vivre, produire ses objets d'usage, ne rien posséder en propre parce que tout est à tous, n'avoir aucune religion ou loi qui le/la contraigne comme le faisaient les Hadzas depuis des dizaines de milliers d'années jusqu'à ce que le modèle de la société avec État, l'agriculture et le pastoralisme, l'appropriation privée ou collective d'un territoire, la société marchande ne les mène à l'alcoolisme et à la disparition prochaine ?
Nés pour se soumettre et obéir ou pour être libres et égaux ?
Pas d'autorité
« L'anarchie c'est l'ordre sans l'autorité », disait Élisée Reclus. Alors qu'il nous a été inculqué qu'il n'y a d'ordre que s'il y a autorité, chacun vit la réalité de l'affirmation d'Élisée Reclus dans grand nombre de situations de sa vie. Les associations font ce que les membres ont décidé en assemblée, sans qu'il soit nécessaire qu'une autorité oblige ou contraigne. Parce que ce qui est décidé l'est librement et ensemble. L'autorité n'a d'autre vocation que d'imposer ce qui n'a pas été librement décidé. Elle est alors une violence ou une menace de violence perçue.
Il y a deux formes d'autorité : celle qui provient de cette menace, de l'exercice de la force pour contraindre et obliger. Et celle de l'autorité morale, celle de la capacité de faire. Un cordonnier fait autorité dans son office face à quelqu'un qui n'y connaît rien. Cette deuxième forme d'autorité, qui n'est ni imposée ni contraignante est respectable. Comme il y a deux formes de pouvoir : celui de l'autorité et de la contrainte, que les anarchistes refusent, et celui du possible, le pouvoir de faire.
Pas de hiérarchie
La hiérarchie est la distinction d'une situation de commandement, d'autorité. La hiérarchie a des moyens violents pour se faire respecter : la mise aux arrêts dans l'armée, la suppression du revenu dans l'entreprise (par le licenciement par exemple). La hiérarchie est la signature d'une structure inégalitaire où certains exercent un pouvoir sur d'autres.
Les anarchistes n'admettent aucune hiérarchie entre des hommes et des femmes libres et égaux.
Pas d'imposition
Décider, c'est imposer. Ainsi avons-nous été éduqués. La majorité décide et cette décision, parce qu'elle est majoritaire, s'impose à la minorité.
Pour les anarchistes, décider c'est choisir. Le choix peut se faire par consensus et cette forme sera privilégiée. Il peut aussi se faire en l'absence d'opposition stricte, exprimée et argumentée. Mais si le choix se fait à la majorité, il engage cette majorité et seulement elle, ceux qui auront fait un autre choix sont libres de le mettre en application pour eux-mêmes.
« Il n'y a, il ne peut y avoir ni Credo, ni catéchisme libertaires. Ce qui existe et ce qui constitue ce qu'on peut appeler la doctrine anarchiste c'est un ensemble de principes généraux, de conceptions fondamentales et applications pratiques sur lesquels l'accord s'est établi entre individus qui pensent en ennemis de l'autorité et luttent, isolément ou collectivement, contre toutes disciplines imposées et contraintes politiques, économiques, intellectuelles et morales qui découlent de celle-ci. Il peut donc y avoir et, en fait, il y a plusieurs variétés d'anarchistes mais toutes ont un trait commun qui les sépare de toutes les autres variétés humaines. Ce point commun, c'est la négation du principe d'autorité dans l'organisation sociale et la haine de toutes les contraintes qui procèdent des institutions basées sur ce principe. Ainsi, quiconque nie l'autorité et la combat est anarchiste. (...) » Sébastien Faure, dans l'Encyclopédie Anarchiste
Pour ces raisons les anarchistes sont défavorables aux formes d'organisation qui sont porteuses, en germe ou dans leur fonctionnement, d'expressions d'autorité, comme l'État. Ils préfèrent les structures qui correspondent à des choix entre égaux, comme le mutuellisme, le fédéralisme, l'association.